« Qu'est-ce que la Bible ? » La Bible est une source incomparable de vie spirituelle. Par Lelièvre Charles — Pasteur de l'Église Réformée
La Bible présente un double aspect: elle est une source incomparable de vie spirituelle, étant le document classique de la révélation de Dieu à l'humanité, celui qui nous fait connaître sous la forme la plus claire et la plus accessible à tous ce qu'est Dieu et ce qu'est l'homme, ce que le Créateur a le droit d'exiger de sa créature et ce qu'il a fait pour sauver le pécheur.
Ce terme ne se trouve, en nos Bibles, que dans le titre : La Sainte Bible, ou La Bible ; et ce titre est relativement récent, car on ne le rencontre pas avant le IX° siècle. Le mot Bible n'est donc pas un terme biblique. Il nous vient du latin, qui l'a emprunté au grec. En grec, Biblia était un pluriel signifiant les livres. En passant au latin, le mot prit la forme du singulier : le Livre, et signifia : le Livre par excellence.
Les livres contenus dans cette collection qu'est la Bible étaient écrits sur papyrus ou parchemin. La forme de ces livres était généralement le rouleau, c'est-à-dire une longue bande que le lecteur tenait horizontalement devant soi, le déroutant de la main droite et l'enroulant de la main gauche, au fur et à mesure de la lecture, l'écriture y étant disposée en colonnes verticales.
Ces rouleaux avaient toujours à peu près la même dimension. Un rouleau suffisait à contenir plusieurs écrits de faible longueur. Les douze « petits prophètes », par exemple, ne formaient qu'un livre. Il arrivait aussi que le rouleau fût trop long pour l’œuvre que l'on y copiait ; on y ajoutait alors d'autres écrits, pour l'utiliser dans sa totalité. Ce fait explique que l'on ait parfois attribué à l'auteur de l'écrit principal ces morceaux ajoutés à la suite de son œuvre : L'erreur était à peu près inévitable dans le cas où ces morceaux étaient d'auteurs inconnus.
C'est ainsi qu'aux écrits d’Ésaïe, de Zacharie furent adjointes des prophéties anonymes qui ont longtemps passé pour être leur œuvre. Il a fallu l'étude attentive et scrupuleuse à laquelle la Bible a été soumise dé notre temps pour que l'on reconnût, par exemple, que le livre d’Ésaïe comprenait, outre les discours de ce prophète (chapitres 1-39), ceux d'au moins deux autres prophètes dont les noms n'ont pas été conservés et dont le plus remarquable est celui que l'on a pris l'habitude d'appeler le Second-Esaïe ou le Prophète Anonyme de l'Exil (ch. 40-55).
Les cahiers étaient aussi en usage et furent même préférés par tes chrétiens dès le II° siècle de notre ère, comme le prouvent les plus anciens papyrus chrétiens qui nous aient été conservés.
Ancien Testament
Formation de l'Ancien Testament.
La plus ancienne littérature hébraïque paraît avoir été constituée par des poèmes et des chants. Quelques fragments poétiques, cités par les écrivains postérieurs, sont, dans notre Bible, les pages les plus anciennes qu'elle nous offre ; plusieurs proviennent de cieux très anciens recueils poétiques : Le Livre du Juste, nommé deux fois dans l'Ancien Testament (Josué 10 : 13 et 2Sa 1 : 18), et le Livre des Guerres de Yahvé (Nombres 21 : 14). Le plus célèbre de ces poèmes est le Chant de moi-même (Juges 5).
Ces pièces poétiques apparaissent dans des récits historiques composés plus tard. Les règnes de David et de Salomon semblent avoir été l'époque où se développa cette nouvelle forme de la littérature hébraïque. Une très importante partie de l'histoire de David est si vivante et si impartiale à la fois qu'il est difficile de ne pas y reconnaître une narration presque contemporaine des événements.
Le goût de ces récits d'histoire nationale se répandit rapidement et il se forma bientôt, dans le Royaume de Juda, d'abord, et peu de temps après dans le Royaume d'Israël, des cercles littéraires, si l'on peut ainsi les appeler, où l'on se proposa de réunir toutes les traditions populaires et de constituer ainsi une histoire d'Israël depuis les origines et même de rattacher cette histoire aux origines du monde. Il se forma ainsi deux cycles distincts de récits, rapportant les mêmes traditions avec des variantes inévitables et où apparaît, à des degrés divers, l'influence morale et religieuse des prophètes.
Nous ne possédons pas ces deux écrits dans leur forme primitive, car, plus tard, sans doute après la disparition du Royaume du Nord, ils donnèrent naissance à une œuvre unique dans laquelle les récits de l'un et l'autre furent, à propos de chaque événement, juxtaposés et, pour ainsi dire, tressés ensemble, plutôt que refondus, si bien qu'il n'est pas trop difficile de les distinguer encore aujourd'hui, comme l'on distinguerait des fils de couleurs différentes dans une tresse unique.
Cette œuvre nouvelle n'est d'ailleurs pas reproduite telle quelle dans l'Ancien Testament. Elle a, dans la suite, reçu de nombreuses et importantes adjonctions et subi bien des remaniements. Au temps de la réforme du roi Josias (621), un écrit de nature législative et d'inspiration nettement prophétique y fut ajouté c'est celui qui forme presque exclusivement le livre actuel du Deutéronome.
Son langage, très caractéristique, impossible à confondre avec celui des écrivains antérieurs, ou postérieurs, apparaît ici et là hors du Deutéronome au milieu des récits auquel le Deutéronome a été ajouté, et nous reconnaissons à ce fait que l'ouvrage nouveau n'est pas simplement l'ouvrage ancien augmenté du Deutéronome mais un livre refondu et corrigé dans l'esprit prophétique du Deutéronome.
Cette troisième forme de l'écrit n'est pas la dernière. Une nouvelle refonte, très considérable par l'étendue des textes législatifs et des morceaux narratifs ajoutés, très reconnaissable aussi par son empreinte théocratique et son inspiration sacerdotale, fut accomplie après l'Exil, à l'époque d'Esdras. Le livre du Lévitique tout entier appartient à cette nouvelle rédaction conçue dans le même esprit que les livres des Chroniques, d'Esdras et de Néhémie et généralement dénommée Code Sacerdotal.
Ajoutons que de nombreux passages, législatifs ou narratifs, ont été introduits par les rédacteurs sacerdotaux dans les six premiers livres de l'Ancien Testament. Pour ne citer qu'un exemple, la première page de la Genèse (1: 1 – 2:4) est une adjonction de cette époque tardive.
La conclusion des remarques qui précèdent, c'est que beaucoup de chapitres des livres narratifs de l'Ancien Testament, principalement des six premiers, sont une mosaïque de fragments provenant principalement des deux sources parallèles que nous avons indiquées en premier lieu (les plus anciennes) et de la source sacerdotale (la plus récente), avec, ici et là, en assez grand nombre, des retouches ayant pour but d'harmoniser et de cimenter toutes ces pièces d'origines diverses, retouches dont le style caractéristique permet presque toujours d'attribuer l'insertion à telle ou telle des rédactions successives.
Nous avons dit que les plus anciens récits de l'Ancien Testament portent la marque de l'influence des prophètes. En un sens, c'est déjà de la littérature prophétique. Cependant, nous réservons ce nom, en général, aux livres qui portent les noms des prophètes et contiennent leurs discours. Ce n'est qu'à partir du VIII° siècle, avec Amos, que les prophètes - un certain nombre d'entre eux, tout au moins - commencèrent à consigner leurs paroles par écrit, et l'on sait quelle place importante leurs livres occupent dans l'Ancien Testament, tant par leur étendue que par la très haute inspiration morale et religieuse qu'ils traduisent. A ce dernier point de vue, la littérature hébraïque, expression de la vie spirituelle des plus grandes âmes du peuple d'Israël, atteint son apogée avec Amos, Esaïe, Jérémie, Ezéchiel. Cette littérature prophétique s'étend sur une longue période qui va du VIII° au IV° siècle.
A des dates diverses, mais qu'il faut toutes fixer après l'Exil, parurent enfin d'autres livres de l'Ancien Testament dont le plus important, par l'influence qu'il exerça et ne cesse d'exercer encore, est celui des Psaumes. Il faut y ajouter les autres livres appelés « poétiques » dans les tables des matières de nos Bibles : Job, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des Cantiques, et enfin les Lamentations, Daniel Ruth et Esther qui ont été placés dans notre Bible, (mais non dans la collection hébraïque), les deux premiers parmi les prophètes, les cieux autres parmi les livres que nous appelons historiques.
Tous ces livres, de genres si divers, étaient l'objet d'une grande vénération de la part des Israélites, mais tous n'étaient cependant pas placés sur le même rang. Ils étaient distribués entre trois collections : La Loi (les cinq premiers livres de l'Ancien Testament), qui jouissait de l'autorité la plus absolue ; les Prophètes (Josué, Juges, Samuel, Rois, Esaïe, Jérémie, Ezéchiel et les Douze), dont l'autorité était encore très grande ; et, enfin, les Ecrits (comprenant les autres livres), recueil qui ne paraît avoir été définitivement clos que très tardivement (puisque des livres qui n'y ont pas été admis sont cités dans le Nouveau Testament), et dont l'autorité était certainement moindre (puisqu'au temps de Jésus, l'ensemble des livres saints était couramment désigné par l'expression La Loi et les Prophètes, sans mention des livres de la troisième catégorie).
Lelièvre Charles